Focus sur la sélection 2020

La famille et ses aléas

La famille, ses conflits et les dĂ©fis auxquels elle doit faire face, semblent ĂŞtre une source d’inspiration majeure pour les cinĂ©astes cette annĂ©e. Dans Spring Tide, YANG Lina fait la chronique d’une famille mutilĂ©e, dont il ne reste qu’un trio de femmes – grand-mère, mère et fille – et constate l’impossible communication entre gĂ©nĂ©rations. Dans A Dog Barking at the Moon au contraire, la famille est complète et en apparence heureuse, mais elle se rĂ©vèle ĂŞtre le théâtre de conflits insolubles entre mari et femme, mère et fille. Enfin, Together Apart aborde avec beaucoup de tact et une rĂ©alisation très esthĂ©tique l’évĂ©nement le plus redoutĂ© dans une famille, mais paradoxalement aussi celui autour duquel elle semble pouvoir se ressouder et guĂ©rir de ses blessures : le deuil.

La question de la famille se pose encore au sein des minorités ethniques avec ses problématiques propres. Balloon est une réflexion subtile sur la spiritualité et les traditions tibétaines. Ce film, réalisé par Pema Tseden, réalisateur tibétain contemporain majeur, questionne la manière dont elles peuvent entrer en conflit avec la vie moderne de tous les jours. A First Farewell évoque avec beaucoup de subtilité et de poésie, mais sans idéalisation, la réalité de la vie et les difficultés auxquelles doivent faire face Isa et Kalbinur, deux enfants Ouïghours.

Documentaire : live stream et utopie

Côté documentaire, Present. Perfect. enregistre et explore un média nouveau et par définition éphémère, le live streaming, et ceux qui y cherchent l’attention qu’ils ne trouvent plus dans le monde réel. The Land of Peach Blossoms observe de l’intérieur la décadence d’une utopie autoritaire dans un restaurant situé au sommet d’un gratte-ciel dans la ville de Chengdu. A Personal FIlm About my Past 22 Years continue dans la voie dessinée par notre sélection de l’année dernière, celle de “l’autodocumentaire”. L’auteur y dresse un premier bilan de sa vie avec beaucoup d’inventivité et de liberté.

La jeunesse pékinoise par elle-même

Pour le reste de la sélection de cette année, le court-métrage What Do You Know About the Water and the Moon? adopte le genre fantastique afin de parler du sujet douloureux de l’avortement, tandis que Mosaic Portrait interroge ce que nous pensons savoir de la réalité dans une mystérieuse affaire de viol. Enfin, nous faisons une place spéciale cette année à Fish Park, une comédie amateur d’une grande qualité d’écriture et d’interprétation offrant une vision de la jeunesse pékinoise désabusée.

Animation : entre tradition et expérimentation

Les amateurs de cinéma d’animation ne sont pas en reste cette année. The Six combine l’utilisation de dessins anciens et une structure répétitive, presque hypnotique, qui joue sur des variations infimes autour d’une même séquence pour créer un mystère, tandis que Umbilical recueille une conversation intime entre mère et fille sur la difficulté d’être une femme, illustrée par une imagerie surréaliste tour à tour surprenante et inquiétante. Bridge recrée l’atmosphère des films de wuxia ou de sabre japonais avec des marionnettes animées en stop-motion qui rappellent l’œuvre de Kawamoto Kihachiro. À mi-chemin entre le documentaire et l’animation expérimentale, Breathless Animals est un montage original de photographies et de films d’archives, que le réalisateur utilise comme support afin de narrer le passé de sa famille et illustrer ses liens avec l’histoire de la Chine.

Première de Lou Ye en ouverture !

Enfin, pour notre séance d’ouverture, nous revenons vers la 6e génération de cinéastes, à laquelle les jeunes auteurs d’aujourd’hui doivent beaucoup, avec Saturday Fiction de LOU Ye, un grand film d’espionnage dans le Shanghai de 1941 avec un casting international : GONG Li, Joe Odagiri, Mark Chao et Pascal Greggory !

fr_FRFrançais